Once upon a time...
C'est comme ça que toutes les histoires de bisounours commencent... Quoi ? Bon, d'accord, si c'était vrai, nous serions tous des sucreries comme Onihime. Et bien elle est née dans une grande famille sur l'île de Kangaroo Island. Il s'agit d'une petite île inconnue d'East Blue et qui est plutôt banale quand on est un voyageur. Pour les habitants, c'est légèrement différent. Bien sûr, ces landes arides peuplées de la végétation australe et de jolis petits kangourous ainsi que de très mignons koalas possèdent un charme touristique.
Voilà toute la source du problème justement. Qui des deux marsupiaux était là avant l'autre ? C'est une grande question à laquelle deux courants minimes (et seulement existants sur cette île) tentent de répondre depuis bien longtemps. Le Phascoïsme et le Macroïsme. L'un croit en la vieillesse de Phaco le Koala et l'autre en celle de Macro le Kangourou. Deux dieux, deux religions qui se livrent une bataille féroce pour le contrôle de l'île. En ce moment, ce sont les Macroïstes qui gèrent Kangaroo Island d'une main de fer. Et dans l'ombre, les Phascoïstes ruminent leur vengeance...
Kangaroo Island est une île calme et paisible, rarement fréquentée par les pirates . Pourquoi ? Hé bien parce que les habitants sont tristement pauvres et qu'on ne peut pas leur tirer une somme énorme des poches. La marine est quasi inexistante d'ailleurs, quoique des rumeurs parlent d'une future base.
On trouve beaucoup de paysans qui s'occupent bien de leurs bêtes. Selon leurs croyances, les élevages diffèrent. Des kangourous pour les uns, des koalas géants pour les autres. Etrange n'est-ce pas ? La religion est la chose la plus importante pour l'île. Elle passe avant tout le reste, quel que soit le prix à payer. Une faute très grave peut amener l'exclusion même de la société ! ll faut donc faire bien attention et relire régulièrement sa Bible de poche !
Chez les Kawahide, on raisonne différement. La famille occupe une place presque aussi importante que la messe du mercredi à la chapelle Macroïste du coin. Il faut dire qu'avec sept enfants, il y a des bouches à nourrir ! Plus les parents ; Yori et Bakawa Kawahide , cela fait neuf personnes en tout à faire vivre !
Du fait que la famille soit plutôt nombreuse, les liens sont plutôt forts entre les frères et soeurs. Leurs noms ne vous seraient pas si utiles, à part celui de Misuzune. Aînée de Onihime de seulement un an, elle appréciait la naïveté candide dont faisait preuve notre amie. Elles étaient très proches l'une de l'autre, et si le destin les avait laissées ensemble, elles l'auraient été toute leur vie. La première était la troisième enfant du couple, tandis que la seconde était au milieu, ce qui n'est pas une place si évidente. Mais elles s'entraidaient mutuellement, ce qui rendait leurs journées inoubliables. Leur ressemblance physique est plutôt notable, bien que l'aînée ait des yeux aussi clairs que de l'eau.
Quand on est sept garnements et qu'il y a une différence d'âge allant jusqu'à dix ans, croyez-moi qu'on ne s'ennuie pas chez eux !
Durant son enfance, notre petite brunette a goûté aux joies de la course dans les prairies et à toutes les drôles de jeu qu'on fait en campagne. Le seul problème chez elle, fut bien évidemment sa bêtise et sa naïveté. Ce n'était que partie de fous rires quand elle posait une question tellement mignonne mais si amusante. Mais que pouvait-on lui reprocher ? Elle n'était encore qu'une enfant. Adulte, elle saurait faire la part des choses et aurait l'esprit plus ouvert sur ce monde où il est difficile de se creuser un abri. Seulement, un incident brisa quelque peu les préjugés sur lesquels la douce et grande famille se reposait. La mère des enfants tomba gravement malade alors que Onihime n'avait que. Les sept bambins, âgés respectivement de quatre à quatorze ans, restèrent à ses côtés tout le temps de sa convalescence. Des paroles en particulier, marquèrent notre amie. Et ont certainement fait ce qu'elle est devenue aujourd'hui.
« Je ne vais pas mourir. L'amour et l'affection que vous me portez sont les remèdes à tous les maux. Surtout ne changez pas mes enfants ! »
Bien évidemment, il s'agit d'une petite erreur de la part de Yori Kawahide. On ne savait pas du tout à l'époque, que la bêtise et l'idiotie dont l'enfant savait faire preuve, resterait à jamais chez elle. Forts des paroles de la malade, la fratrie croyait réellement en leur force. On fit venir un médecin, on prescrit de la médecine traditionnelle. Tout semblait reprendre le cours des choses normales. Malheureusement, la maîtresse de maison mourut quinze jours plus tard. La fièvre et la toux avaient fini par l'emporter, et la Faucheuse s'était occupée de couper son dernier battement de coeur.
C'est ainsi qu'à peine âgée de neuf ans, notre amie se mit en tête de soigner les malades à sa manière. On pourrait la traiter de charlatante qu'elle n'en ferait rien, restant fidèle aux paroles de sa mère : elle ne changeait pas !
La mort de sa femme bouleversa terriblement Bakawa Kawahide, qui, par désespoir, s'accrocha encore plus au Macroïsme et appliqua encore plus rigoureusement les devoirs d'un croyant. Il n'en oubliait pas moins ses enfants et travaillait encore plus dur avec son élevage de kangourous de course. Qu'advint-il ensuite ? La vie reprit petit à petit sans que la tristesse liée au décès de cette femme ne disparaisse. Les années passèrent sans rien de bien intéressant. On vivait sa vie de civil anonyme au reste du monde et on commençait à apprendre à chevaucher les marsupiaux boxeurs... Un incident provoqua ensuite tout le désordre et la reprise de violents combats sur Kangaroo Island. La question sur Phaco et Macro n'était toujours pas réglée, et ne l'est toujours pas à ce jour.
***
Pas un nuage dans ce ciel bleu d'été. L'herbe jaune et sèche des plaines arides n'est agitée que par le souffle du vent. La terre rouge, qui s'envole en poussière à la moindre bourrasque résonne des pas lourds de montures bien particulières.
Deux kangourous émergent alors des broussailles. Ils semblent d'humeur joyeuse et sautent, sautent, sautent ! Bondir, un mode de déplacement si amusant, surtout quand on est sur le dos de l'animal ! La première cavalière éclate de rire toutes les deux secondes tandis que la deuxième se contente d'un sourire envers l'autre.
Elles parcourent régulièrement ce coin ensemble et passent le plus souvent, leurs journées sur le dos des marsupiaux ! C'est une vie banale que les deux soeurs mènent ici... Et Onihime n'a rien perdu de ce caractère sucré qui la définit si bien... Ses liens avec Misuzune n'en sont pas affectés bien heureusement ! Bref, c'était un après-midi comme les autres... Quand l'aînée remarqua quelque chose au loin...
« Hé ! Onihime ! »
« Ouiiii Misuuu? »
« Tu vois cette forme au loin ? »
La brunette se pencha un peu plus sur sa selle. Le soleil l'éblouissait, mais avec un peu d'effort, elle aperçut effectivement quelque chose à l'horizon. Et les deux soeurs se rapprochaient toujours plus vite. Un grand sourire étira les lèvres de notre amie. Stupide comme toujours :
« Oui ! Qu'est-ce que ça a l'air chouette ! Et.. Euh... Qu'est-ce que c'est ? »
Misuzune soupira devant la réaction immature de sa cadette. Elle ne lui en voulait pas après tout. Elle était ce qu'elle est.
« Je ne sais pas. On n'a qu'à aller voir pour savoir ! »
La forme en question était en réalité un jeune homme de leur âge. Ce dernier avait la peau tannée par le soleil et des cheveux d'un joli sable clair. Il était inconscient et serrait contre lui une sacoche en cuir toute usée par le temps. A ce moment-là, elles ne se doutaient pas le moins du monde qu'il s'agissait d'une personne peu recommandable surtout pour elle. Pourquoi un adolescent serait-il dangereux ? Hé bien, lorsque celui-ci est un adepte de Phasco.
« Hé... Tu vas bien ?... »
C'est par ces paroles que Misuzune tentait de le réveiller. Quant à Onihime... Je vous laisse deviner la bêtise qu'elle faisait pendant ce temps ! Cette dernière était en possession du sac de l'inconnu et farfouillait dedans avec une non-gêne sans limites. Faire la part des choses... Elle n'en était vraisemblablement pas encore capable ! Hop, elle remettait un carnet à sa place pour s'intéresser aussitôt à un drôle de paquet. Quelque chose de rond, d'un poids plutôt moyen, emballé dans du papier. Elle l'a caressé, l'a fixé pendant un long moment. Pendant ce temps, son aînée tentait de réveiller l'adolescent avec des petites tapes sur les joues.
Complètement obnibulée par ce mystérieux objet, elle ne vit pas l'ombre qui apparaissait derrière elle. Le déballant avec minutie, elle finit par découvrir... Un fruit de la passion. Un drôle de fruit en tout cas. Avec des motifs enroulés sur la peau.
« Hé hé ! Misu, regarde ce que j'ai trouvé dans le sac du garçon ! »
« T'as fouillé dans ses affaires ? Repose-ça Oni, ça ne va nous apporter que des ennuis! »
« Roh... C'est qu'un pauvre fruit, il risque pas de faire une crise cardiaque ! J'ai faim en plus... Quand est-ce qu'on mange ? »
« Si tu touches à ce fruit, crois-moi bien qu- »
La plus âgée des soeurs ne s'ocuppait alors plus que de l'état de santé inquiétant du jeune homme. Aux dernières demandes de sa cadette, elle avait simplement tourné la tête pour la raisonner. Et avait découvert un koala géant prêt à sauter sur la personne la plus insouciante du monde. Elle s'était alors transformée en statue, aussi muette qu'immobile, tandis que Onihime était toujours occupée à exhiber fièrement sa trouvaille avec un grand sourire.
« Bah quoi ? Qu'est-ce qu'il y a-AÏEUH »
Elle fixa le marsupial qui mordait fermement son bras droit. Elle tourna lentement la tête vers sa soeur. Et elle poussa alors un cri de panique qui dut s'entendre à des kilomètres à la ronde. Cela eut plusieurs effets bénéfiques : Misuzune a tenté de faire lâcher prise à l'animal et l'inconnu s'est enfin réveillé. Une partie de domino. C'est comme cela qu'on appelle une réaction en chaîne incontrôlable. Des cris, du bruit, et beaucoup d'agitation pour peu de choses au final.
« Hé ! Lâ-lâche-ça ! Ce n'est pas à toi ! »
Quant à l'aînée des deux soeurs, elle commençait à comprendre quelque chose à cette étrange situation. Cet adolescent était un adepte de Phaco, de part du fait qu'un de ces marsupiaux gris vienne « attaquer férocement » sa cadette. Et chose étrange, l'animal semblait vouloir récupérer le fruit que la jeune fille tenait à bout de bras.
Le sang battait à tout rompre aux tempes de Misuzune qui voyait le garçon se relever et s'approcher avec un air pas si rassurant que ça. Faut-il rajouter qu'il a un couteau à la ceinture ?... Enfin, vous aurez bien évidemment compris que cette lutte entre les deux croyances finit parfois avec des accroches d'une grande violence. Les Phacoïstes habitent le nord de l'île, plus frâiche et aussi plus verdoyante, tandis que les Macroïstes préfèrent la chaleur des plaines du sud.
La situation semble désespérée ? Détrompez-vous. Car la plus grande des deux jeunes filles a le sifflet-de-la-mort-qui-tue. Avec fébrilité, elle souffla dedans de toutes ses forces.
« Ahah ! Qu'est-ce que tu crois faire avec ça ? Appeler des oiseaux en renfort ? »
« Des renforts oui, mais pas n'importe lesquels ! »répliqua-t-elle avec un sourire.
« Misuuuu ! Le koala me fait mal ! Aide-moiiii ! Il est en train de me broyer le bras ! »
Le jeune homme éclata de rire, persuadé qu'elles étaient beaucoup trop loin d'une quelconque habitation pour recevoir de l'aide. Sauf que derrière lui, une drôle de cavalcade résonnait. « Boïng, boïng ! ». Et pan ! Un coup de patte en plein dans les dents de la part d'un kangourou.
« Ce "truc", ce n'est pas n'importe quoi ! Il s'agit d'un appeau spécialement conçu pour appeler à l'aide des kangourous sauvages se trouvant aux environs. Tu as donc pu tester notre technique défensive particulièrement efficace ! »
« Bravo Misu ! Heu... Ben... Maintenant tu viens m'aider à faire lâcher cette sale bête ? Elle commence à ronger mon épaule là ! »
***
Rencontre originale n'est-ce pas ? Car les Macroïstes et les Phacoïstes n'ont pas coutume de se croiser sans tenter de convaincre l'autre de la vieillesse de son Dieu.. Le garçon étant knock out, Misuzune s'est d'abord occupée à l'attacher à un arbre mort grâce à une vieille corde qu'elles avaient heureusement emmenée par précaution. Pendant ce temps, Onihime bataillait toujours avec le koala géant. Elle se tortillait dans tous les sens, lui donnait même des coups sans effet, bref, faisait tout pour échapper à ses terribles mâchoires. L'animal herbivore ne semblait pas être empreint de la volonté de causer la mort mais plutôt de récupérer le fruit à motifs que tenait justement la jeune fille dans sa main.
L'aînée la regardait avec un air déconfit. Elle ne savait vraiment pas comment la tirer de ce mauvais pas.
« Tu ne pourrais pas essayer de le jeter plus loin ? Comme ça, on ne l'aurait plus sur le dos... Par contre, je me demande pourquoi un adepte de Macro et un koala y tiennent autant... Ce qu'est qu'un pauvre fruit après tout... »
« Hé... Mais c'est pas bête du tout ça ! J'ai toujours aussi faim, je peux le manger sinon ! »
Son ventre grognait depuis un moment, et sans attendre un conseil de plus de la part de sa soeur, elle goba le fruit. En
entier. Misuzune est restée impassible un instant avant de voir l'air nauséeux de notre amie.
« J'ai dit jeter Oni... Pas manger... Il y a une sacrée différence entre les deux... Et puis l'avaler aussi rapidement va te donner envie de vomir »
« Euuuuuurk ! »
« Qu'es-ce qu'il y a ? Le fruit est véreux ? »demanda-t-elle en s'approchant avec un air inquiet.
Onihime chassait les derniers filets de jus se trouvant sur sa langue avec sa main. L'air pâle et plutôt maladif qu'elle avait n'était pas pour rassurer. Elle finit par gémir simplement :
« C'est totalement ré-pu-gnant !... Oh... Le koala m'a lâchée ! »
En effet, le marsupial gris avait enlevé sa prise, reniflé la main de l'adolescente, puis sa bouche. Sauf qu'au lieu de se calmer, l'animal sembla entrer dans une colère plus terrible encore ! Il poussa un couinement
adorable effrayant avant de lever une de ses massives pattes pleine de griffes ! Pour une fois, on pourra remarquer une des qualités de notre naïve habitante de Kangaroo Island : être plutôt agile quand il s'agit de se carapater !
On aurait pu l'appeler le lièvre des prairies. Hop, je pars à gauche, puis à droite, et encore à gauche ! Sans oublier bien évidemment, son hurlement terrifié. Quant à Misuzune, elle observait la scène depuis quelques minutes avec un regard étrange. Cette scène avait tout du pittoresque. En fait, c'était la course-poursuite qui avait tout de particulièrement bizarroïde. L'aînée des deux soeurs soupira avant d'aller vers leurs montures qui s'étaient éloignées, effrayées par le terrible koala. Elle monta en vitesse, intima à son kangourou d'avancer et se pressa d'aller sauver sa cadette qui offrait toujours un psectacle ridicule à nos yeux :
Et au moment où elle pensait que le méchant marsupial allait la découper en rondelles, sa grande soeur l'attrapa au bon moment, pour qu'enfin, elles s'éloignent du jeune Phacoïste et de son familier.
***
« Tu t'es fait QUOI ? »
« Mordre par un koala ! Ce n'est pas si grave que ça quand même... Vous n'auriez pas des pansements ? Ces morsures me font trop trop mal ! »
Si Onihime avait lu la Bible de poche en entier, elle aurait pu remarquer un devoir bien particulier... Son père allait justement lui apprendre... Et lui faire regretter amèrement sa naïveté ainsi que sa bêtise intersidérale :
« Justement, c'est bien plus grave que tu ne le penses ! Aucun croyant ne doit voir son sang mélangé à un des enfants de Phaco ! En te faisant mordre, ce n'est pas seulement ton sang que tu as souillé mais celui de ta mère ! »
Son père était un homme grand, musclé, avec une carrure imposante. Il commença alors à faire les cent pas dans la pièce tout en marchant. A la mention de sa mère, le sourire qu'affichait notre amie s'était transformé en masque d'impassibilité. Elle sentait que c'était grave, ne savait pas pourquoi et préférait se taire, attendant la sentence. Misuzune restait silencieuse elle aussi, jetant néanmoins des coups d'oeils inquiets au bras ensanglanté de sa cadette. Les blessures n'étaient qu'en surface, mais on voyait bien la poigne que possédait le marsupail gris. Des marques de dents très nettes partaient de l'avant-bras jusqu'à l'épaule.
Enfin, il s'arrêta et poussa un long soupir. La tristesse assombrissait ses yeux gris , normalement vides d'émotion.
« C'est une décision qui me chagrine. Mais la religion passe avant tout. Même la famille »
« Quoi ? Mais quand maman était encore parmi les vivants, tu répétais que c'était la famille le plus important ! »
« C'était du temps où elle était en vie oui ! Mais regarde Onihime ! Elle ne nous apporte que des problèmes ! Tu es bien trop sotte pour comprendre tes devoirs envers Macro ma pauvre fille ! »
La brunette écoutait léchange houleux en silence. Elle savait que c'était à cause d'elle qu'ils se disputaient. Elle n'aimait pas faire du mal aux siens. Oui, car en ne changeant pas, elle soignait leurs pauvres coeurs malades. Pourtant, ils n'étaient pas heureux en ce moment. Elle le pressentait comme une grenouille annonce la pluie ou le beau temps.
Et quand le ton redevint calme, elle dit de sa voix qui la fait toujours passer pour une idiote :
« Ah... Et... Euuuh... Je... Je dois partir hein ? »
« Partir ? Pourquoi tu partirais ? Tu vas rester ici pardi, et on soignera ces satanées blessures ! »
Misune fixait un à un, son paternel et sa cadette. Elle blêmit en comprenant soudainement où ils voulaient venir :
« Non... Tu ne peux pas... Tu ne vas quand même pas l'exclure de la famille et de la communauté juste pour ça ! »
« Si. La paix était enfin revenue. Je ne crains que votre accrochage avec cet adepte ne remette de l'huile sur le feu. Onihime, dis-moi un peu... »
La jeune fille de quinze ans releva la tête, attentive. Son père reprit avec un air un peu plus sombre :
« Tu as dit avoir mangé un fruit auquel le koala et le Phacoïste semblaient tenir énormément... Peux-tu... Me le décrire ? »
Elle ferma les yeux et rassembla ses souvenirs. Il était là dans ses mains. D'une belle couleur mauve foncée. Rond lisse. Elle rouvrit ses iris bruns et répondit sans hésitation :
« Il avait des motifs enroulés »
***
Je vous passe les détails inutiles. Si la paix semblait régner depuis quelques mois en effet, il n'empêchait que la communauté Phacoïste avait réussi à se procurer un objet très spécial qui aurait pu leur permettre la victoire et le règne total sur Kangaroo Island. Avec beaucoup de difficulté, et en rassemblant énormément d'argent, ils avaient réussi à entrer en possession du fruit des coussinets, autrefois mangé par un célèbre corsaire. L'adepte rencontré par les deux soeurs n'était autre que le messager venu apporter aux siens la bonne nouvelle. Mais en cours de route, il est tombé de sa monture et c'est là que Onihime et Misuzune l'ont trouvé.
Suite à cela, de violents combats reprirent entre le Phacoïsme et le Macroïsme. La brunette avait quitté sa famille, ne révélant qu'un peu plus l'affection qu'elle portait à sa grande soeur. Tout autour d'elle, ce n'était que chaos et pleurs. Elle se demandait comment elle avait pu être la source de tant de mals. Ne se sentant plus à sa place après deux mois d'errance sur l'île, elle finit par attendre la venue d'un bateau. Pour sa plus grande chance, elle embarqua sur un navire d'honorables marchands. Enfin « honorables »...
Elle finit bientôt par découvrir qu'ils étaient des marchands d'esclaves et qu'elle connaîtrait un sort pareil à ceux enfermés dans la cale du navire. Mais décidément, la vie ne veut pas que ce bisounours soit tout tristounet chez des maîtres et a décidé qu'elle vivrait pleins d'aventures trop choupinettes !...
Un officier de la Marine, nommé Kieran G. Keegan, la délivra elle et toutes les pauvres personnes attrapées par ces vils commerçants. Onihime lui en fut très reconnaissante, et lui jura par ailleurs, une fidélité sans faille (ponctuée évidemment, de sa niaiserie habituelle !).
Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants. Avec un peu plus de sérieux, la brunette avait été simplement époustouflée par les talents de cet homme. Et qu'est-ce qu'on fait quand on arrive devant lui et sa prestance légendaire?
On tombe à ses pieds tellement qu'il est bô ! On s'engage dans la Marine !
Voici donc le tournant que prit le destin de notre amie... Les débuts sont rudes mais l'officier était là pour la prendre sous son aile ! Et deux ans plus tard, la maîtrise qu'elle a de son fruit peut être redoutable... Surtout parce qu'elle ne se rend pas vraiment compte de ce qu'elle fait ! La brunette a donc dix-sept ans aujourd'hui et reste toujours flanquée à Kieran G. Keegan !